Mer. 28 Nov. > 20h30
Grande Salle
Bill Deraime. Ce nom n’est pas qu’un nom. C’est une flamme qui brûle depuis longtemps. C’est un homme que les nouvelles générations ne connaissent pas. Pas encore. C’est un gamin né du côté de Senlis, loin des quartiers bourgeois, quand les canons internationaux avaient à peine cessé leur mélodie de massacre. Là, un jour, il entend Ray Charles. Quand ses amis choisissent probablement le rock&roll pour y croire encore, lui, ce sera le blues. Pour toujours. Pas d’argent dans la famille et donc, le piano, même pas la peine d’y penser. Une guitare, offerte par son père, fera l’affaire. Il reprend très vite le « VVhat’d I Say » du genious Brother Ray. C’est désormais en lui, pour lui. Le temps s’écoule. Les disques avec. Au compteur, une vingtaine d’albums. Quelques tubes, dont l’incontournable « Babylone Tu Déconnes » en 1981, des centaines de chansons surtout, autant de salles oubliées, de clubs anonymes, de MJC de banlieue, d’Olympia également. Bill Deraime a la voix déchirée, impossible à confondre avec celle d’un autre, la guitare sensible et aventurière, il regarde le monde droit dans les yeux et n’a jamais oublié d’où venait cette musique qu’il aime tant, le blues. Des chaînes, de l’homme écrasé, d’au delà des nuages de la compromission et de la violence. Le cliché de l’artiste maudit serait peut-être une facilité, un raccourci trompeur. Mais il y a de ça. Il a tellement donné, on lui a tellement emprunté sans jamais lui rendre… Il a fréquenté des pointures, côtoyé les grands et puis… 2017.
« Nouvel Horizon », son nouvel album (sur le label Rupture), composé et enregistré entre Paris, la banlieue et la Normandie, sur ces quatre dernières années, comporte 19 titres. Il y a des purs inédits, des chansons de lui que l’on connaissait et que l’on redécouvre avec une émotion qui doit moins à la nostalgie qu’au plaisir non négociable de retrouver un ami que l’on pensait disparu, des duos, beaucoup, certains évidents et fédérateurs, d’autres surprenants et jubilatoires, il y a des hommes qui chutent et se relèvent, des morts qui reviennent à la vie, des genres qui se croisent pour le meilleur, du reggae, la nouvelle Orléans, une terre qui brûle, de la solitude et de la communion, des larmes et des rires, il y a tout ce qui fait l’humanité. Il y a le blues. Le blues encore et toujours, même, si, parfois, il se déguise pour mieux viser le cœur.
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